Ariane Cavalier
&
Corinne Sospédra
Ariane Cavalier
&
Corinne Sospédra ,
du 27 avril au 03 Mai 2010
La libre association
Elles se sont croisées de façon fortuite, une de ces choses de la vie qui aurait pu en rester là, loin des arts plastiques et de leurs recherches picturales. Quel lien privilégié ont-elles pressenti sans en avoir réellement conscience ? Pourquoi ont-elles prolongé ce qui ne devait être qu'une rencontre de circonstances ? Comment en sont-elles venues à parler de leur chemin artistique ? Qu'est-ce qui les a poussées enfin à confronter le fruit de leur travail ?
Existe-t-il une force mystérieuse qui rapproche les moitiés d'orange dans la création artistique comme dans la relation amoureuse. A moins que tout simplement ces deux-là soient plus à l'écoute, plus réceptives aux autres, qu'elles aient cette capacité, que la majorité d'entre nous néglige, de percevoir la force potentielle de liens qui nous échappent parce que nous ne savons plus les cultiver …
Quand elles ont découvert l'une à l'autre leurs images, l'émotion le partageait à l'incrédulité. Comment croire à une simple coïncidence ? Corinne photographie et Ariane peint ; elles n'avaient en commun que leur vision de l'abstrait, qui n'est autre qu'un regard qui sublime le concret, le monde réel qui nous environne. Pourtant, en confrontant leurs œuvres, c'était une évidence : des formes, des couleurs, des lignes, des lumières et des ombres semblaient se répondre.
Et elles ont poursuivi, chacune de son côté, leur chemin de création. Elles ont seulement établi des rendez-vous réguliers pour confronter leurs réalisations, et souvent, très souvent, une fascinante coïncidence les remplit d'émotion. C'est parfois une couleur improbable, un jeu d'ombres, des taches ou des hachures qu'Ariane a cherchés sur sa palette et que Corinne a repérés dans son objectif, pratiquement en même temps, sans jamais en effleurer mot. Chacune évolue dans sa démarche, et elles se retrouvent toujours dans une sorte de dialogue improvisé qui continue à les fasciner comme il nous fascine à chacune de leurs expositions.
Ariane a eu envie d'aborder un travail en volume, et besoin peut-être de quelque chose qui sauverait de l'oubli définitif le travail qu'elle détruit régulièrement ; la destruction est devenue reconstruction, résurrection. Des boîtes transparentes font renaître à la lumière des fragments d'œuvres qui sont autant de morceaux de vie.
Corinne s'est attachée à retrouver des formes, de la couleur, de la lumière dans ce que le quotidien jette et laisse mourir partout autour de nous.
Et elles se rejoignent encore ; elles n'en sont même plus étonnées, seulement émues.
Elles nous invitent à partager cette émotion ; laissons-nous aller, comme on se laisse aller en écoutant des musiciens qui se rencontrent par hasard et font un bœuf, car au-delà de cette mystérieuse alchimie, c'est le talent de chacune d'elles qui donne autant de force à cette rencontre.
Christiane Meyrueis - Fages
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